Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v5.djvu/204

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perflu de ſon ſol & de celui de ſes colonies, il doit, par la même raiſon, attirer dans ſes ports le plus qu’il pourra d’acheteurs, pour augmenter la maſſe & le prix de ſes exportations. Rien ne contrarie ces arrangemens économiques.

Le traité de 1703 n’oblige le Portugal qu’à recevoir les étoffes de laine d’Angleterre, aux conditions ſtipulées avant l’interdiction. On peut faire jouir du même avantage les autres nations, ſans s’expoſer au reproche d’avoir manqué à aucun engagement. Une liberté donnée à un peuple, ne fut jamais un privilège excluſif & perpétuel qui pût ôter au prince de qui il émanoit, le droit de le communiquer à d’autres peuples. Il reſte toujours néceſſairement le juge de ce qui convient à ſon état. On ne conçoit pas ce que le miniſtère Britannique pourroit oppoſer de raiſonnable à un roi de Portugal qui lui diroit : je veux attirer chez moi des négocians qui habilleront, qui nourriront mes ſujets à auſſi bon marché, à meilleur marché que vous ; des négocians qui emporteront les productions de mes colonies dont vous ne voulez que l’or.