Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v5.djvu/205

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On peut juger de l’effet que produiroit une conduite si sage par les événemens arrivés indépendamment de cette résolution. Il est prouvé par les registres des douanes Angloises, que la Grande-Bretagne qui naguère, faisoit presque tout le commerce du Portugal, n’y a envoyé, dans l’espace de cinq ans, ou depuis 1762 jusqu’en 1766 inclusivement, que pour 95 613 547 liv. 10 sols de marchandises ; qu’elle a reçu pour 37 761 075 liv. en denrées, & que la solde en argent n’a été que de 57 692 475 liv.

Ce qui trompe l’Europe entière sur l’étendue du commerce Anglois, c’est que tout l’or du Brésil prend la route de la Tamise. Cet écoulement paroît une suite naturelle & nécessaire des affaires de cette nation. On ignore que les métaux ne peuvent sortir librement du Portugal ; qu’il n’est possible de les en extraire que par des vaisseaux de guerre qui ne sont pas visités ; que la Grande-Bretagne en expédie deux toutes les semaines, aussi régulièrement que la mer le permet ; que ces bâtimens portent les richesses de tous les peuples dans leur isle, d’où les négocians, répandus dans différentes contrées, les reti-