Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v5.djvu/212

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eſt ſi languiſſante que le royaume achète les trois-quarts des grains qu’il conſomme. Peut-être ne devra-t-il jamais à un ſol trop peu arrosé ſa ſubſiſtance entière : mais il lui convient de diminuer le plus qu’il lui ſera poſſible le beſoin qu’il a de ſecours étrangers. Sa population eſt ſuffiſante pour pouſſer vivement ces travaux ; puiſqu’à compter quatre perſonnes & demie par feu, elle s’élève à un million neuf cens ſoixante mille âmes, ſans compter les moines.

La cour de Liſbonne tomberoit dans une erreur bien dangereuſe, ſi elle penſoit que le tems ſeul amènera cette grande révolution. Il lui convient de la préparer par une réforme entière dans les impôts, qui n’ont jamais été bien réglés depuis la fondation de la monarchie, & dont la confuſion augmente d’année en année. Lorſqu’on aura levé les obſtacles, il faudra prodiguer les encouragemens. Un des préjugés les plus funeſtes au bonheur des hommes, à la proſpérité des empires, eſt celui qui veut, qu’il ne faille que des bras pour la culture. L’expérience de tous les âges, prouve qu’on ne peut beaucoup demander à la terre, qu’a-