Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v5.djvu/226

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ſeront plus bornés à gémir ſur l’oiſiveté, l’ignorance, les bévues, les ſuperſtitions, qui ont fait la baſe de ſon adminiſtration. L’hiſtoire de cette colonie n’en ſera plus la ſatyre.

XXIX. La Cour ds Liſbonne devroit-elle être arrêtée dans ſes projets de réforme par la crainte de ſe brouiller avec l’Angleterre ?

La crainte d’irriter la Grande-Bretagne ne doit pas retarder d’un inſtant les grands changemens que nous indiquons. Les motifs qui, peut-être, les ont fait ſuſpendre, ne ſont que des préjugés, qui tombent au moindre examen. Il y a une infinité d’erreurs politiques, qui, une fois adoptées, deviennent des principes. Telle eſt l’opinion établie à la cour de Liſbonne, que l’état ne ſauroit ni exiſter, ni devenir floriſſant, que par les Anglois. On oublie que la monarchie Portugaiſe ſe forma ſans le ſecours des autres nations ; que durant tout le tems de ſes démêlés avec les Maures, elle n’eut aucun appui étranger ; qu’elle s’étoit agrandie, pendant trois ſiècles, d’elle-même, lorſqu’elle établit ſa domination ſur l’Afrique & dans les deux Indes, avec ſes propres forces. Toutes ces grandes choſes furent opérées par les ſeuls Portugais. Il falloit donc que ce peuple découvrit un grand tréſor, eût la propriété des mines les plus abondantes, pour qu’on imaginât