Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v5.djvu/227

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imaginât qu’il ne pouvoit ſe ſoutenir par lui-même : ſemblable à ces nouveaux parvenus, que l’embarras des richeſſes jette dans la puſillanimité.

Nul état ne doit ſe laiſſer protéger. S’il eſt ſage, il doit avoir des forces relativement à ſa ſituation ; & il n’a jamais plus d’ennemis que de moyens. À moins que ſon ambition ne ſoit démeſurée, il a des alliés qui, pour leur propre sûreté, ſoutiennent ſes intérêts avec autant de chaleur que de bonne-foi. C’eſt une vérité générale, applicable ſur-tout aux états qui poſſèdent les mines. Tous les peuples ont intérêt à leur plaire, & ſe réuniront quand il le faudra, pour leur conſervation. Que le Portugal tienne la balance égale entre toutes les nations de l’Europe, & elles formeront autour de lui une barrière impénétrable. L’Angleterre elle-même, quoique privée des préférences dont elle a trop longtems joui, ſoutiendra toujours un état, dont l’indépendance eſt eſſentielle à l’équilibre de toutes les autres puiſſances. Leur concert ſeroit ſur-tout unanime & bientôt formé, ſi l’Eſpagne, ſe livrant à la manie des conquêtes, formoit contre lui quelques entrepriſes. Ja-