Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v5.djvu/27

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ſes recherches, & plus encore l’uſage de ſes découvertes. Dès que la cour de Liſbonne eut fait viſiter les ports, les baies, les rivières, les côtes du Bréſil, & qu’on crut s’être aſſuré qu’il n’y avoit ni or, ni argent, elle les mépriſa au point de n’y envoyer que des hommes flétris par les loix, que des femmes perdues par leurs débauches.

Tous les ans il partoit de Portugal un ou deux vaiſſeaux qui alloient porter dans le Nouveau-Monde tous les ſcélérats du royaume. Ils en rapportoient des perroquets, des bois de teinture & de marqueterie. On voulut y joindre le gingembre ; mais il ne tarda pas à être prohibé, de peur que cette marchandiſe ne nuiſit au commerce qu’on en faiſoit par les grandes Indes.

L’Aſie occupoit alors tous les eſprits. C’étoit le chemin de la fortune, de la conſidération, de la gloire. Les exploits éclatans qu’y faiſoient les Portugais, les richeſſes qu’on en rapportoit, donnoient à leur nation, dans toutes les parties du monde, une ſupériorité que chaque particulier vouloit partager. L’enthouſiaſme étoit général. Perſonne ne paſſoit librement en Amérique :