Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v5.djvu/28

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mais on commença à aſſocier aux malfaiteurs qu’on y avoit d’abord exilés, les infortunés que l’inquiſition voulut proſcrire.

On ne connoît pas de haine nationale plus profonde & plus active, que celle des Portugais pour l’Eſpagne. Cette averſion ſi ancienne, qu’on n’en voit pas l’origine, ſi enracinée, qu’il n’eſt pas poſſible d’en prévoir le terme, ne les a pas empêchés d’emprunter la plupart de leurs maximes d’un voiſin dont ils redoutaient autant les forces qu’ils en déteſtoient les mœurs. Soit analogie de climat & de caractère, ſoit conformité de circonſtances, ils ont pris les plus mauvaiſes de ſes inſtitutions. Ils n’en pouvoient imiter une plus horrible que celle de l’inquiſition.

Ce tribunal de ſang, érigé en Eſpagne en 1482 par un mélange de politique & de fanatiſme, ſous le règne de Ferdinand & d’Iſabelle, n’eut pas été plutôt adopté par Jean III, qu’il porta la terreur dans toutes les familles. Pour établir d’abord ſon autorité, enſuite pour la maintenir, il lui fallut tous les ans quatre ou cinq cens victimes, dont il faiſoit brûler la dixième partie, & reléguoit le reſte en Afrique ou dans le Bréſil. Il attaqua