Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v5.djvu/29

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avec fureur ceux qui étoient ſoupçonnés de pédéraſtie : déſordre nouveau dans l’état, mais inséparable d’un climat chaud où le célibat devient commun. Il pourſuivit les ſorciers, qui, dans ces tems d’ignorance, étoient auſſi redoutés que multipliés par la crédulité de toute l’Europe bigote & barbare ; les mahométans, extrêmement diminués depuis qu’ils avoient perdu l’empire ; les Juifs ſurtout, que leurs richeſſes rendoient plus ſuſpects.

On ſait que lorſque cette nation, longtems concentrée dans un petit & misérable coin de terre, fut diſpersée par les Romains, pluſieurs de ſes membres ſe réfugièrent en Portugal. Ils s’y multiplièrent après que les Arabes eurent fait la conquête des Eſpagnes. On les laiſſoit jouir de tous les droits du citoyen. Ce ne fut que lorſque ce pays eut recouvré ſon indépendance, qu’ils furent exclus des charges. Ce commencement d’oppreſſion n’empêcha pas que vingt mille familles juives ne s’y retiraient, quand, après la conquête de Grenade, les rois catholiques les condamnèrent à ſortir d’Eſpagne ou à changer de culte. Chaque famille paya ſon