Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v5.djvu/306

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lui avoit deſtiné. Le gouverneur de la Havane, dit-il, l’avoit embarqué pour ſervir de bourreau à tous les Flibuſtiers qu’il avoit condamnés d’avance à être pendus, ne doutant pas qu’ils ne fuſſent faits priſonniers. À ces mots, le féroce l’Olonois ſaiſi de rage, ſe fait amener les Eſpagnols l’un après l’autre, & leur coupa la tête, ſuçant à chaque fois le ſang qui dégoutte de ſon ſabre. Il ſe rend enſuite au Port-au-Prince, où étoient quatre bâtimens deſtinés à lui donner la chaſſe. Il les prend, jette leurs équipages à la mer, & ne fait grâce qu’à un ſeul homme, qu’il envoie au gouverneur de la Havane, avec une lettre dans laquelle il lui marque ce qu’il vient de faire, & l’avertit que ce traitement eſt réſervé à tous les Eſpagnols qui tomberont entre ſes mains, à lui-même, s’il a ce malheur. Après cette expédition, il échoue ſes canots, ſes priſes, & ſe rend avec la frégate ſeule à la Tortue.

Il y trouva le Baſque, fameux pour avoir pris ſous le canon même de Porto-Belo, un vaiſſeau de guerre chargé de cinq ou ſix millions de livres, & pour d’autres actions tout auſſi hardies. Les deux aventuriers publièrent