Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v5.djvu/321

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les Indiens furent pleinement vengés des Eſpagnols.

Mais il arriva ce qui arrive preſque toujours. Ceux qui faiſoient le mal en jouirent peu. Pluſieurs périrent dans le cours de ce brigandage, par l’influence du climat, par la misère, ou par la débauche. Il y en eut qui firent naufrage au détroit de Magellan & au cap de Horn. La plupart de ceux qui tentèrent de gagner par terre la mer du Nord, laiſſèrent la vie ou les dépouilles dont ils étoient chargés, dans les embuſcades qu’on leur dreſſa. Les colonies Angloiſes & Françoiſes furent très-peu enrichies par une expédition qui avoit duré quatre ans, & ſe trouvèrent avoir perdu les plus intrépides de leurs habitans.

Dans le tems qu’on ravageoit la mer du Sud, celle du Nord étoit encore menacée par Granmont. C’étoit un gentil’homme Pariſien, qui avoit ſervi avec quelque diſtinction en Europe, & que ſa fureur pour le vin, pour le jeu, pour les femmes avoit conduit parmi les corſaires. Il avoit peut-être aſſez de vertus pour racheter tant de vices, de la grâce, de la politeſſe, de la