Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v5.djvu/334

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

couragement de l’exemple, l’égalité des biens & des maux entre des compagnons libres ; en un mot, cette fermentation passagère que le ciel, la mer, la terre, la nature & la fortune avoient excitée dans des hommes tour-à-tour couverts d’or & de haillons, plongés dans le sang & dans la volupté, fit des Flibustiers un peuple isolé dans l’histoire, mais un peuple éphémère qui ne brilla qu’un moment.

Cependant on est accoutumé à regarder ces brigands avec une sorte d’exécration. Elle est juste, parce que la fidélité, la probité, le désintéressement, la générosité même qu’ils pratiquoient entre eux, n’empêchoient pas les outrages qu’ils faisoient tous les jours à l’humanité. Mais comment ne pas admirer au milieu de ces forfaits, une foule d’actions héroïques qui auroient fait honneur aux peuples les plus vertueux ?

Des Flibustiers s’étoient chargés, pour une somme, d’escorter un vaisseau Espagnol très-richement chargé. Un d’entre eux osa proposer à ses camarades, de faire tout-d’un-coup leur fortune, en s’emparant de ce bâtiment. Montauban, qui commandoit