Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v5.djvu/335

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la troupe, n’eut pas plutôt entendu ce diſcours, qu’il voulut abdiquer ſa place, & demanda d’être mis à terre. Quoi ? nous quitter ! lui dirent ces hommes intrépides. Y a-t-il quelqu’un ici qui approuve la perfidie qui vous fait horreur ? on délibéra ſur le champ. On arrêta que le coupable ſeroit jeté ſur la première côte qui ſe préſenteroit. On jura que cet homme ſans foi ne ſeroit jamais reçu dans aucun armement où ſe trouveroit un ſeul des braves gens que la ſociété deſhonoroit. Si ce n’eſt pas là de l’héroïſme, ſera-ce dans un ſiècle où tout ce qu’il y a de grand eſt tourné en ridicule ſous le nom d’enthouſiaſme, qu’il faudra chercher des héros ?

Non, l’hiſtoire des tems paſſés n’offre point & celle des tems avenir n’offrira pas l’exemple d’une pareille aſſociation, auſſi merveilleuſe preſque que la découverte du Nouveau-Monde. Il n’y avoit que ce grand événement qui pût y donner lieu, en appelant dans ces régions lointaines tout ce que nos empires avoient produit d’âmes énergiques & violentes.

Ces hommes d’une trempe peu commune n’avoient en Europe pour toute fortune que