Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v5.djvu/347

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diſtinguer mes caprices, mon orgueil, mes folles diſſipations, mon faſte, les déprédations de mes courtiſans & de mes favoris, mes ruineux amuſemens, mes paſſions plus ruineuſes encore, de l’utilité publique qui ne fut, qui n’eſt, & qui ne ſera jamais, autant qu’il dépendra de moi & de mes ſucceſſeurs, qu’un honnête prétexte. Tout ce que je fais eſt bien fait. Croyez-le, ne le croyez pas : mais taiſez-vous. Je veux vous prouver de toutes les manières les plus inſensées & les plus atroces que je règne pour moi, & que je ne règne ni par vous, ni pour vous. Et ſi quelqu’un d’entre vous a la témérité de me contredire, qu’il périſſe dans l’obſcurité d’un cachot, ou qu’un lacet le prive à jamais de la faculté de commettre une ſeconde indiſcrétion : car tel eſt mon bon plaiſir ». En conséquence voilà l’homme de génie réduit au ſilence ou étranglé, & une nation retenue dans la barbarie de ſa religion, de ſes loix, de ſes mœurs, & de ſon gouvernement ; dans l’ignorance des choſes les plus importantes à ſes vrais intérêts, à ſa puiſſance, à ſon commerce, à