Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v5.djvu/361

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

merce eſt ſi forte en vous, qu’elle a ſubjugué juſqu’à vos philoſophes. Le célèbre Boyle diſoit qu’il étoit bon de prêcher l’évangile aux ſauvages ; parce que, dût-on ne leur apprendre qu’autant de chriſtianiſme qu’il leur en faut pour marcher habillés ce ſeroit un grand bien pour les manufactures Angloiſes.

XIV. C’eſt de l’Amérique que ſortit la guerre de 1755.

Un tel ſyſtême, que la nation n’a guère perdu de vue, ſe manifeſta, en 1755, avec moins de précaution qu’il ne l’avoit fait juſqu’alors. La culture des colonies Françoiſes, dont l’accroiſſement rapide étonnoit tous les eſprits attentifs, réveilla la jalouſie Angloiſe. Cependant, cette paſſion, honteuſe de ſe montrer, ſe couvrit quelque tems des ombres, du myſtère & un peuple aſſez fier ou aſſez modeſte pour appeler les négociations l’artillerie de ſes ennemis, ne dédaigna pas d’employer tous les détours, toutes les ruſes de la politique la plus inſidieuſe.

La France, effrayée du déſordre de ſes finances, intimidée par le petit nombre de ſes vaiſſeaux & l’inexpérience de ſes amiraux, séduite par l’amour de l’oiſiveté, du plaiſir & de la paix, ſecondoit les efforts