Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v5.djvu/362

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qu’on faiſoit pour l’amuſer. En vain quelques hommes éclairés répétoient ſans ceſſe que la Grande Bretagne vouloit la guerre, qu’elle devoit la vouloir, qu’elle étoit forcée de la faire, avant que la marine militaire de ſa rivale n’eut fait les mêmes progrès que ſa marine marchande. Ces inquiétudes paroiſſoient abſurdes dans un pays où l’on n’avoir fait juſqu’alors le commerce que par imitation, où on lui avoit mis des entraves de toutes les eſpèces, où on l’avoit continuellement ſacrifié à la finance, où on ne lui avoit jamais accordé une protection sérieuſe, où l’on ignoroit peut-être qu’on eût le plus riche commerce de l’univers. La nation qui devoit à la nature, un ſol excellent ; au haſard, de riches colonies ; à ſa ſenſibilité vive & ſouple, le goût de tous les arts qui varient & multiplient les jouiſſances ; à ſes conquêtes, à ſa gloire littéraire, à la diſperſion même des proteſtans qu’elle avoit eu le malheur de perdre, le déſir qu’on avoit de l’imiter : cette ſtation qui ſeroit trop heureuſe, ſi on lui permettait de l’être, ne vouloit pas voir qu’elle pouvoit perdre quelque choſe de ſes