Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v5.djvu/363

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avantages, & ſe prêtoit ſans réflexion aux artifices qu’on employoit pour l’endormir. Lorſque l’Angleterre crut que la diſſimulation ne lui étoit plus néceſſaire, elle commença les hoſtilités, ſans les faire précéder d’aucune de ces formalités qui ſont en uſage chez les peuples civilisés.

Ce peuple, réputé ſi fier, ſi humain, ſi ſage, réfléchit-il à ce qu’il faiſoit ? Il réduiſoit les conventions les plus ſacrées des nations entre elles aux leurres d’une perfidie politique ; il les affranchiſſoit du lien commun, en foulant aux pieds la chimère du droit des gens. Vit-il qu’il n’y avoit plus qu’un état, celui de la guerre ; que la paix n’étoit qu’un tems d’alarmes ; qu’il ne régnoit plus ſur le globe qu’une fauſſe & trompeuſe sécurité ; que les ſouverains devenoient autant de loups, prêts à s’entre-dévorer ; que l’empire de la diſcorde s’établiſſoit ſans limites ; que les plus cruelles & les plus juſtes repréſailles étoient autorisées, & qu’il n’étoit plus permis de dépoſer les armes ? alors il y eut un ſemi-Thémiſtocle dans le miniſtère ; mais il n’y eut pas un Ariſtide dans toute la grande Bretagne, puiſque loin