Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v5.djvu/366

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geons notre main dans le ſang de celui qui ſe croit notre ami, la tache ne s’en effacera jamais. Macbeth du poëte ſera ſon image.

Quand même la déclaration de guerre ne ſeroit qu’une vaine cérémonie entre des nations qui, peut-être, ne ſe doivent rien dès qu’elles veulent s’égorger ; on ne peut s’empêcher de voir que le miniſtère Britannique faiſoit plus que ſoupçonner le vice de ſa conduite. La timidité de ſes démarches, l’embarras de ſes opérations, les variations de ſes défenſes juſtificatives, l’intérêt qu’il mit inutilement à faire approuver une infraction ſi ſcandaleuſe par le parlement : cent autres choſes déceloient une conſcience coupable. Si, dans ces foibles adminiſtrateurs d’une grande puiſſance, l’audace à commettre le crime eût égalé l’éloignement pour la vertu, ils auroient formé le plan le plus vaſte. En faiſant illégalement attaquer les vaiſſeaux François ſur les côtes de l’Amérique Septentrionale, ils auroient donné le même ordre pour toutes les mers du monde. La deſtruction du ſeul pouvoir qui fût en état de faire quelque réſiſtance, étoit la ſuite néceſſaire d’une combinaiſon