Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v5.djvu/373

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

les défaites par des impôts qui les réparent. Sans un reſte d’honneur qui ſubſiſte au fond des âmes, malgré tous les efforts qu’on emploie pour l’étouffer, & qui montre que ſous les vexations de toute eſpèce, le peuple ne perd pas toute ſenſibilité à l’aviliſſement national, il s’affligeroit également des ſuccès & des revers. Que le ſouverain ſoit victorieux ou vaincu ; qu’il acquière ou qu’il perde une province ; que le commerce tombe ou proſpère, en ſera-t-il traité avec moins de dureté ? L’ardeur des Anglois eſt ſur-tout remarquable, lorſque la nation a une confiance entière dans le miniſtre qui eſt à la tête des affaires. Dès que M. Pitt eut pris les rênes du gouvernement, il ſe forma une ſociété de marine qui, ne voyant pas aſſez d’empreſſement pour ſervir ſur la flotte, & n’approuvant pas l’uſage d’y forcer les citoyens, invita dans la claſſe indigente du peuple, les enfans des trois royaumes à ſe faire mouſſes, & les pères à embraſſer la profeſſion de matelot. Elle ſe chargea de payer leur voyage, de les faire traiter s’ils étoient malades, de les nourrir, de les habiller, de leur fournir tout ce qui étoit