Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v5.djvu/374

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néceſſaire pour naviguer ſainement. Le roi, touché de ce trait de patriotiſme, donna 22 500 livres, le prince de Galles 9 000 l. la princeſſe ſa mère, 4 500 livres. Les acteurs des différens ſpectacles, dont cette nation philoſophe n’a pas eu la cruauté d’avilir le talent, jouèrent leurs meilleures pièces pour augmenter ces fonds reſpectables. Jamais on n’avoit vu un ſi grand concours au théâtre. Cent de ces mouſſes, cent de ces matelots, habillés par un zèle vraiment ſacré, ornoient l’enceinte de la ſcène ; & cette décoration valoit bien celle des luſtrines, des dentelles & des diamans.

XVI. Les Anglois ſortirent de leur léthargie, & s’emparèrent des iſles Françoiſes & Eſpagnoles. Quel fut l’auteur de leurs ſuccès ?

Ce dévouement public au ſervice de la patrie, échauffa les eſprits. Tous les Anglois ſe crurent d’autres hommes. Ils portèrent le ravage ſur les côtes de leur ennemi. Ils le battirent ſur toutes les mers. Ils interceptèrent ſa navigation. Ils tinrent toutes ſes forces en échec dans la Weſtphalie. Ils le chaſſèrent de l’Amérique Septentrionale, de l’Afrique & des grandes Indes.

Juſques au miniſtère de M. Pitt, toutes les entrepriſes de ſa nation dans les contrées éloignées avoient eu & dû avoir une iſſue