Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v5.djvu/375

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funeſte, parce qu’elles avoient été mal combinées. Pour lui, il forma des projets ſi ſages & ſi utiles ; il fit ſes préparatifs avec tant de prévoyance & de célérité ; il combina ſi juſte la fin avec les moyens ; il choiſit ſi bien les dépoſitaires de ſa confiance ; il établit une telle harmonie entre les troupes de terre & celles de mer ; il éleva ſi haut le cœur Anglois, que ſon adminiſtration ne fut qu’une chaîne de conquêtes. Son âme, plus haute encore, lui fit mépriſer les vains diſcours des eſprits timides, qui blâmoient ce qu’on nommoit ſes diſſipations. Il répétoit après Philippe, père d’Alexandre, que l’on devoit acheter la victoire par l’argent, & non conſerver l’argent aux dépens de La victoire.

Avec cette conduite & ces maximes, M. Pitt avoit toujours & par-tout triomphé des François. Il les pourſuivit juſque dans leurs iſles les plus chères, juſque dans leurs colonies à ſucre. Ces poſſeſſions quoique juſtement vantées pour leurs richeſſes, n’en étoient pas mieux gardées. On n’y voyoit que des fortifications élevées ſans intelligence, & tombant en ruine. Ces maſures manquoient également de défenſeurs,