Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v5.djvu/391

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auſſi vivement que M. Pitt le ſouhaitoit. L’eſprit de modération lui parut une foibleſſe ou un aveuglement, peut-être une trahiſon ; & il abandonna le ſoin des affaires, parce qu’il ne lui étoit pas permis d’être l’ennemi de l’Eſpagne.

Oſerons-nous haſarder une conjecture ? Les miniſtres Anglois voyoient tous l’impoſſibilité d’éviter une nouvelle guerre : mais également fatigués & avilis par l’empire de M. Pitt, ils cherchoient à rétablir cet eſprit d’égalité qui eſt l’âme du gouvernement républicain. Le déſeſpoir de s’élever à la hauteur d’un homme ſi accrédité, ou de le faire deſcendre juſqu’à eux, les réunit pour le perdre. Les voies directes auroient tourné contre eux ; ils s’attachèrent à des moyens plus adroits. On chercha à l’aigrir. Son caractère ardent s’offroit à ce piège : il y tomba. Si M. Pitt quitta ſa place par humeur, il eſt blâmable de ne l’avoir pas étouffée ou maîtrisée. Si ce fut dans l’eſpérance de mettre ſes ennemis à ſes pieds, il montra qu’il avoit plus de connoiſſances des affaires que des hommes. Si, comme on l’a dit, il ſe retira, parce qu’il ne vou-