Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v5.djvu/57

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veut dire, que vous autres François venez de ſi loin quérir du bois pour vous chauffer ? N’y en a-t-il point en votre terre ? À quoi lui ayant répondu qu’oui, & en grande quantité, mais non pas de telle ſorte que le leur, lequel nous ne brûlions pas comme il penſoit ; ainſi comme eux-mêmes en uſoient pour teindre leurs cordons & plumages, les nôtres l’amenoient pour faire la teinture. Il me répliqua : Voire, mais vous en faut-il tant ? Oui, lui dis-je ; car y ayant tel marchand en notre pays qui a plus de friſes & de draps rouges que vous n’en avez jamais vu par deçà, un ſeul achètera tout le bois dont pluſieurs navires s’en retournent chargés. Ha, ha ! dit le ſauvage, tu me contes merveilles ! Puis penſant bien à ce que je lui venois de dire, plus outre dit : mais cet homme tant riche dont tu parles, ne meurt-il point ? Si fait, ſi fait, lui dis-je, auſſi-bien que les autres. Sur quoi, comme ils ſont grands diſcoureurs, il me demanda de rechef : Et quand doncques il eſt mort, à qui eſt tout le bien qu’il laiſſe ? À ſes enfans, lui dis-je, s’il en a ; & à défaut d’iceux, à