Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v5.djvu/61

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de la flotte Hollandoiſe. Le reſte de la province, quoique la plus étendue & la plus peuplée de la colonie, ne fit guère plus de réſiſtance.

C’étoit un terrible revers : mais il n’affligea point le conſeil d’Eſpagne. Depuis que cette couronne avoit ſubjugué le Portugal, elle n’en trouvoit pas les peuples auſſi ſoumis qu’elle l’eut voulu. Un déſaſtre qui pouvoit les rendre plus dépendans lui parut un grand avantage ; & ſes miniſtres ſe félicitèrent d’avoir enfin trouvé l’occaſion d’agraver le joug de leur deſpotiſme.

Sans avoir des idées plus juſtes ni des ſentimens plus nobles, Philippe penſa que la majeſté du trône exigeoit de lui quelques démonſtrations, quelques bienséances. Il écrivit aux Portugais les plus diſtingués, pour les exhorter à faire les efforts généreux qu’exigeoient les circonſtances. Ils y étoient diſposés. L’intérêt perſonnel, le zèle pour la patrie, le déſir de réprimer la joie de leurs tyrans ; tout concouroit à redoubler leur activité. Ceux qui avoient de l’argent, le prodiguèrent. D’autres levèrent des troupes. Tous vouloient ſervir. En trois mois