Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v5.djvu/71

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» Je ſais bien, Seigneur, que la propagation de la foi & les intérêts de la gloire ne dépendent pas de nous ; & que quand il n’y auroit point d’hommes, la puiſſance animant les pierres en ſuſciteroit des enfans d’Abraham. Mais je ſais auſſi que depuis Adam, tu n’as point créé d’hommes d’une eſpèce nouvelle ; que tu te ſers de ceux qui ſont, & que tu n’admets à tes deſſeins les moins bons qu’au défaut de meilleurs. Témoin la parabole du banquet : Faites entrer les aveugles & les boiteux. Voilà la marche de la providence. La changes-tu aujourd’hui ? Nous avons été les conviés ; nous n’avons pas refusé de nous rendre au feſtin, & tu nous préfères des aveugles, des boiteux : des luthériens, des calviniſtes, aveugles dans la foi, boiteux dans les œuvres !

» Si nous ſommes aſſez malheureux pour que le Hollandois ſe rende maître du Bréſil, ce que je te repréſente avec humilité, mais très-sérieuſement, c’eſt d’y bien regarder avant l’exécution de ton arrêt. Pèſe ſcrupuleuſement ce qui pourra t’en arriver. Conſulte-toi pendant qu’il