Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v5.djvu/72

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en eſt encore tems. Si tu as à te repentir, il vaut mieux que ce ſoit à préſent que quand le mal ſera ſans remède. Tu vois ou j’en veux venir, & les raiſons priſes dans la propre conduite de la remontrance que je te fais. Avant le déluge, tu étois auſſi très-courroucé contre le genre-humain. Noé eut beau te prier pendant un ſiècle. Tu perſiſtas dans la colère. Les cataractes du ciel ſe rompent enfin. Les eaux ont ſurmonté les ſommets des montagnes. La terre entière eſt inondée ; & la juſtice eſt ſatiſfaite. Mais trois jours après ; lorſque les corps ſurnagèrent ; lorſque tes yeux s’arrêtèrent ſur la multitude des cadavres livides ; lorſque la ſurface des mers t’offrit le ſpectacle le plus triſte, le plus affreux ſpectacle qui eût jamais affligé les regards des anges : que devins-tu ? Frappé de ce tableau, comme ſi tu ne l’avois pas prévu, tes entrailles s’émurent de douleur. Tu te repentis d’avoir fait le monde. Tu eus des regrets ſur le paſſé. Tu pris des réſolutions pour l’avenir. Voilà comme tu es ; & puiſque c’eſt-là ton caractère, pourquoi ne pas