Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v5.djvu/73

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te ménager toi-même en nous épargnant ? Pourquoi faire à préſent le furibond, ſi ton cœur en doit murmurer ; ſi l’exécution des arrêts de la juſtice doit affliger la bonté ? Songes-y avant de commencer & conſidère les ſuites du nouveau déluge que tu as projeté. Je vais te les peindre.

» La Bahia & le reſte du Bréſil ſont devenus la proie des Hollandois ; je le ſuppoſe. Vois-les. Ils entrent dans cette ville avec la fureur de conquérans, avec la rage d’hérétiques. Vois que ni l’âge, ni le ſexe ne ſont épargnés. Vois le ſang qui coule. Vois les coupables, les innocens, les femmes, les enfans paſſés au fil de l’épée, égorgés les uns ſur les autres. Vois les larmes des vierges qui pleurent l’injure qu’elles ont ſoufferte. Vois les vieillards traînés par les cheveux. Entends les cris confus des religieux, des prêtres qui embraſſent leurs autels & qui élèvent leurs bras vers toi. Toi-même, Seigneur, tu n’échapperas pas à leurs violences. Oui ! tu en auras la part. L’hérétique forcera les portes de tes temples. Les hoſties, ton propre corps ſera foulé aux pieds. Les