Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v6.djvu/33

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s’élèvent au moins à dix millions de livres, & il en paſſe rarement plus du quart à Conſtantinople. Le bey principal retient le reſte ou le partage avec ſes collègues, s’il ne lui eſt pas poſſible de tout retenir. Les intérêts du pacha ne ſont pas plus reſpectés que ceux du ſultan. La milice même ne touche jamais ſa ſolde entière, & les citoyens de tous les ordres ſont habituellement dépouillés.

Il n’y a que les reſſources d’un commerce extérieur très-avantageux qui puiſſent faire ſupporter tant de vexations. Pluſieurs ports lui ſont ouverts. Alexandrie en a deux qui ſe communiquoient, dit-on, autrefois, & qui ſont actuellement séparés par une langue de terre très-étroite. Le port oriental ou neuf eſt d’un accès plus facile que l’autre ; mais il eſt preſque comblé par le ſable que la mer y pouſſe, & par le leſt des bâtimens qu’on eſt dans l’habitude d’y jeter. Il n’y a pas un ſiècle qu’on amarroit les vaiſſeaux au quai : ils en ſont maintenant à plus de deux cens toiſes. L’eſpace qu’ils peuvent occuper eſt ſi ſerré, que pour qu’ils ne ſe heurtent pas on eſt réduit à les arrêter