Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v6.djvu/387

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foibles, les moyens de ſoutenir un luxe extraordinairement cher, tous les habitans des différens états étoient réduits à ſe contenter de ce que leur fourniſſoient un territoire mal cultivé, une induſtrie arrêtée aux barrières de chaque province. Les grands événemens qui fixent, à la fin du quinzième ſiècle, une des plus brillantes époques de l’hiſtoire du monde, n’opérèrent pas dans les mœurs une révolution auſſi rapide, qu’on eſt prompt à l’imaginer. Quelques villes anséatiques, quelques républiques d’Italie alloient, il eſt vrai, chercher à Cadix & à Liſbonne, devenus de grands entrepôts, ce que les deux Indes envoyoient de rare & de précieux : mais la conſommation en étoit tout-à-fait bornée, par l’impuiſſance où étoient les nations de le payer. Elles languiſſoient la plupart dans une léthargie entière ; la plupart ignoroient les avantages & les reſſources de leur territoire.

Il falloit pour mettre fin à cet engourdiſſement, un peuple qui, ſorti du néant, répandît la vie & la lumière dans tous les eſprits, l’abondance dans tous les marchés ; qui pût