Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v7.djvu/110

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qu’on en ſourie, en m’accordant le nom de bon-homme, dont le vénérable abbé de Saint-Pierre ſe glorifioit. J’aime mieux riſquer d’être ridicule que de manquer l’occaſion d’être utile ». Ce devoir, bien ou mal rempli, fixons l’attention du lecteur ſur la Martinique.

XIX. Les François s’établiſſent à la Martinique ſur les ruines des Caraïbes.

Cette iſle a ſeize lieues de longueur & quarante-cinq de retrait, ſans y comprendre les caps qui avancent quelquefois deux & trois lieues dans la mer. Elle eſt extrêmement hachée, & par-tout entrecoupée de monticules, qui ont, le plus ſouvent, la forme d’un cône. Trois montagnes dominent ſur ces petits ſommets. La plus élevée porte l’empreinte ineffaçable d’un ancien volcan. Les bois dont elle eſt couverte, y arrêtent ſans ceſſe les nuages, y entretiennent une humidité malſaine, qui achève de la rendre affreuſe, inacceſſible, tandis que les deux autres ſont preſque entièrement cultivées. De ces montagnes, mais ſur-tout de la première, ſortent les nombreuſes ſources dont l’iſle eſt arrosée. Leurs eaux, qui couleur en foibles ruiſſeaux, ſe changent en torrens au moindre orage. Elles tirent leur qualité du terrein qu’elles