Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v7.djvu/120

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gagnoit le prix du riſque auquel le marchand François ne vouloit pas s’expoſer. Ce trafic moins utile que le premier dans ſon objet, étoit d’un bien plus grand rapport dans ſes effets. Il lui rendoit un bénéfice de quatre-vingt ou quatre-vingt-dix pour cent, ſur une valeur de trois à quatre millions, qu’on portoit tous les ans à Caraque, ou dans les colonies voiſines.

Tant d’opérations heureuſes avoient fait entrer dans la Martinique un argent immenſe. Douze millions y circuloient habituellement avec une extrême rapidité. C’eſt peut-être le ſeul pays de la terre où l’on ait vu le numéraire en telle proportion, qu’il fut indifférent d’avoir des métaux ou des denrées.

L’étendue de ſes affaires attiroit annuellement dans ſes ports deux cens bâtimens de France, quatorze ou quinze expédiés par la métropole pour la Guinée, trente du Canada, dix ou douze de la Marguerite & de la Trinité ; ſans compter les navires Anglois & Hollandois qui s’y gliſſoient en fraude. La navigation particulière de l’iſle aux colonies ſeptentrionales, au continent Eſpagnol, aux iſles du Vent, occupoit cent trente bateaux