Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v7.djvu/135

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vint y détruire les vivres, moiſſonner les récoltes, déraciner les arbres, renverſer même les bâtimens. La deſtruction fut ſi générale, qu’à peine reſta-t-il quelques habitans en état de conſoler tant de malheureux, de ſoulager tant de misères.

Le haut prix où, depuis quelques-tems, étoit monté le café, aidoit à ſupporter tant d’infortunes. Cette production, trop multipliée, tomba dans l’aviliſſement ; & il ne reſta à ſes cultivateurs que le regret d’avoir conſacré leurs terres à une denrée dont la valeur ne ſuffiſoit plus à leur ſubſiſtance.

Pour comble de malheur, la métropole laiſſoit manquer ſa colonie des bras néceſſaires à ſon exploitation ; depuis 1764 juſqu’en 1774, le commerce de France n’introduiſit à la Martinique que trois cens quarante-cinq eſclaves année commune. Les habitans étoient réduits à repeupler leurs ateliers du rebut des cargaiſons Angloiſes introduit en fraude.

Un miniſtère éclairé, & dont les ſoins vigilans ſe ſeroient étendus ſur toutes les parties de l’empire, auroit adouci le ſort d’un grand établiſſement, ſi cruellement affligé. Il n’en fut pas ainſi. De nouvelles