Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v7.djvu/144

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Mais elle eſt hors d’état de payer ces recrues, & les raiſons de ſon impuiſſance ſont connues. On ſait qu’elle doit à la métropole, comme dettes de commerce, à-peu-près un million. Une ſuite d’infortunes l’a réduite à en emprunter quatre aux négocians établis dans le bourg Saint-Pierre. Les engagemens qu’elle a contractés à l’occaſion des partages de famille, ceux qu’elle a pris pour l’acquiſition d’un grand nombre de plantations l’ont rendue inſolvable. Cette ſituation déſeſpérée ne lui permet pas de remplir, du moins de long-tems, toute la carrière de fortune qui lui étoit ouverte.

XXVI. la Martinique peut-elle être conquiſe ?

Encore eſt-elle exposée à l’invaſion. Mais quoique cent endroits de ſes côtes offrent à l’ennemi les facilités d’une deſcente, il ne l’y fera pas. Elle lui deviendroit inutile, par l’impoſſibilité de tranſporter à travers un pays extrêmement haché, ſon artillerie & ſes munitions au fort Royal qui fait toute la défenſe de la colonie. C’eſt vers ce parage ſeul qu’il tournera ſes voiles.

Au devant de ce chef-lieu, eſt un port célèbre ſitué ſur la partie latérale d’une large baie, dans laquelle on ne s’enfonce qu’en