Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v7.djvu/149

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mobiles qui vont porter la guerre, au lieu de l’attendre. Toute puiſſance qui aſpire au commerce, aux colonies, doit avoir des vaiſſeaux qui enfantent des hommes & des richeſſes, qui augmente la population & la circulation, tandis que des baſtions & des ſoldats ne ſervent qu’à conſumer des forces & des vivres. Ce que la cour de Verſailles peut ſe promettre des dépenſes qu’elle a faites à la Martinique : c’eſt que ſi cette iſle eſt attaquée par le ſeul ennemi qui ſoit à craindre, on aura le tems de la ſecourir. Le génie Anglois va lentement dans les ſièges. Il marche toujours en règle. Rien ne le détourne d’achever les ouvrages d’où dépend la sûreté des aſſaillans. La vie du ſoldat lui eſt plus précieuſe que le tems. Peut-être cette maxime, ſi ſensée en elle-même, n’eſt-elle pas bien appliquée dans le climat dévorant de l’Amérique : mais c’eſt la maxime d’un peuple chez lequel le ſoldat eſt un homme au ſervice de l’état, & non pas un mercenaire aux gages du prince. Quoi qu’il en ſoit du ſort à venir de la Martinique, il eſt tems de connoître le ſort actuel de la Guadeloupe.