Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v7.djvu/156

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La France s’affligea de cette perte : mais la colonie eut des raiſons pour ſe conſoler d’un événement en apparence ſi fâcheux. Durant un ſiège de trois mois, elle avoit vu détruire ſes plantations, brûler les bâtimens qui ſervoient à ſes fabriques, enlever une partie de ſes eſclaves. Si l’ennemi avoit été obligé de ſe retirer après tous ces dégâts, l’iſle reſtoit ſans reſſource. Privée du ſecours de la métropole, qui n’avoit pas la force d’aller à ſon ſecours, & faute de denrées à livrer, ne pouvant rien eſpérer des Hollandois, que la neutralité amenoit ſur ſes rades ; elle n’auroit pas eu de quoi ſubſiſter juſqu’au tems des reproductions de la culture.

Les conquérans la délivrèrent de cette inquiétude. À la vérité, les Anglois ne ſont pas marchands dans leurs colonies. Les propriétaires des terres, qui, pour la plupart, réſident en Europe, envoient à leurs repréſentans ce qui leur eſt néceſſaire, & retirent, par le retour de leur vaiſſeau, la récolte entière de leurs fonds. Un commiſſionnaire établi dans quelque port de la Grande-Bretagne, eſt chargé de fournir l’habitation & d’en recevoir les produits. Cette méthode ne