Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v7.djvu/157

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pouvoit être pratiquée à la Guadeloupe. Il fallut que le vainqueur adoptât, à cet égard, l’uſage des vaincus. Les Anglois, prévenus des avantages que la France retiroit de ſon commerce avec ſes colonies, ſe hâtèrent d’expédier comme elle des vaiſſeaux à l’iſle conquiſe, & multiplièrent tellement leurs expéditions, que la concurrence, excédant de beaucoup la conſommation, fit tomber à vil prix toutes les marchandiſes d’Europe. Le colon en eut preſque pour rien ; & par une ſuite de cette ſurabondance, obtint de longs délais pour le paiement.

À ce crédit de néceſſité, ſe joignit bientôt un crédit de ſpéculation, qui mit la colonie en état de remplir ſes engagemens. La nation victorieuſe y porta dix-huit mille ſept cens vingt-un eſclaves, avec l’eſpoir de retirer un jour de grands avantages de leurs travaux. Mais ſon ambition fut trompée ; & la colonie fut reſtituée à ſon ancien poſſeſſeur, au mois de juillet 1763.

XXIX. Variations du miniſtère de France dans le gouvernement de la Guadeloupe.

L’état floriſſant où la Guadeloupe avoit été élevée par les Anglois, frappa tout le monde, lorſqu’ils la rendirent. On conçut pour elle ce ſentiment de conſidération, qu’inſpire