Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v7.djvu/183

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juſqu’à ce qu’un miniſtre avide l’ait arrachée au fiſc, pour en augmenter l’héritage de ſa famille.

Cependant les progrès de ces aventuriers furent lents & ne fixèrent les regards de la métropole qu’en 1665. Ce n’eſt pas qu’on ne vît errer d’une iſle à l’autre aſſez de chaſſeurs & de pirates : mais le nombre des cultivateurs qui étoient proprement les ſeuls colons, étoit exceſſivement borné. On ſentoit la néceſſité de les multiplier ; & le ſoin de cet ouvrage difficile fut confié à un gentil’homme d’Anjou, nommé Bertrand Dogeron.

XXXV. La cour de Verſailles avoue ces hommes entreprenans, lorſque leur ſituation a pris de la ſtabilité, & leur donne un gouverneur.

Cet homme que la nature avoit formé pour être grand par lui-même, ſans le ſecours, ou malgré les traverſes de la fortune, avoit ſervi quinze ans dans le régiment de la Marine, lorſqu’en 1656 il paſſa dans le Nouveau-Monde. Avec les meilleures combinaiſons, il échoua dans ſes premières entrepriſes : mais la fermeté qu’il montra dans ſes malheurs, donna plus d’éclat à ſa vertu ; & les reſſources qu’il eut l’habileté de ſe procurer, ajoutèrent à l’opinion qu’on