Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v7.djvu/194

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

particuliers firent rejeter une ouverture ſi raiſonnable.

Dans ces circonſtances, je ſuis toujours étonné de la patience des opprimés. Je me demande pourquoi ils ne ſe raſſemblent pas tous ; & ſe tranſportant chez l’homme du miniſtère qui les gouverne, ils ne lui diſent pas ; « Nous ſommes las d’une autorité qui nous vexe. Sortez de notre contrée, & allez dire à celui que vous repréſentez ici que nous ne ſommes pas des rebelles, parce que c’eſt contre un bon roi qu’on ſe révolte, & qu’il n’eſt qu’un tyran contre lequel nous avons le droit de nous ſoulever. Ajoutez que s’il eſt jaloux de poſſéder une contrée déſerte, il ſera bientôt ſatiſfait : car nous ſommes tous réſolus à périr, plutôt que de vivre plus long-tems malheureux ſous une adminiſtration injuſte ». Le colon ne prit pas le parti du déſeſpoir : mais dans ſon dépit il tourna heureuſement ſon activité vers la culture de l’indigo & du cacao. Le coton le tenta par les richeſſes que cette plante avoit données aux Eſpagnols dans les premiers tems : mais il s’en dégoûta bientôt, on ne ſait pour quelle raiſon, &