Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v7.djvu/308

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

colonies au degré d’opulence & de proſpérité qu’on devoit s’en promettre. Malheureuſement on ne vit pas que les premières colonies en Amérique avoient dû ſe faire d’elles-mêmes lentement, avec de grandes pertes d’hommes, ou des reſſources extraordinaires de bravoure & de patience, parce qu’elles n’avoient point de concurrence à ſoutenir : mais que les nouveaux établiſſemens ne peuvent ſe former que par voie de génération, comme un nouvel eſſaim s’engendre d’un ancien. La ſurabondance de la population dans une iſle, doit déborder dans une autre, & le ſuperflu d’une riche colonie fournir le néceſſaire à une peuplade naiſſante. C’eſt-là l’ordre naturel, que la politique preſcrit aux puiſſances maritimes & commerçantes. Tout autre moyen eſt déraiſonable, & ne produit que la deſtruction. Pour n’avoir pas ſaiſi un principe ſi ſimple & ſi fécond, la cour de Verſailles ne doit pas rejeter le projet d’empêcher les nouvelles diviſons des terres. Si la néceſſité de cette loi eſt prouvée, il faut la faire, quoique dans un tems moins favorable que celui qu’on a laiſſé échapper. Quand on aura arrêté la dé-