Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v7.djvu/316

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produits en Europe, à tirer d’Europe ſes conſommations, & à réduire ſes correſpondans à n’être que des commiſſionnaires. Si la dépendance, qui eſt une ſuite néceſſaire des dettes venoit à ceſſer, ce ne ſeroit plus un petit nombre de cultivateurs, ce ſeroit la colonie entière qui feroit ſes achats & ſes ventes. Elle deviendroit commerçante, & le ſeroit bientôt ſans concurrens, parce qu’elle ſeule connoîtroit le terme de ſes beſoins.

Pluſieurs voudroient qu’il fût permis de ſaiſir & de vendre les eſclaves d’un débiteur. Ceux qui ceſſeroient d’arroſer de leurs ſueurs une plantation, iroient, dit-on, en cultiver une autre ; & la colonie ne perdroit rien. Quelle erreur ! Non, jamais les nous ne paſſeront impunément d’un atelier à l’autre. Ces hommes, déjà trop malheureux, ne prendroient pas les nouvelles habitudes qu’exigeroit un changement de local, de maître, de méthode & d’occupation. Ils ne ſauroient ſe paſſer de leurs maîtreſſes & de leurs enfans qui ſont leur plus chère conſolation, le ſeul bien qui les attache à la vie. Loin de cet unique bien des âmes ten-