Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v7.djvu/315

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l’eſprit d’ériger en maxime les privations dans les colonies ? Leurs productions tirent tout leur prix des échanges. Anéantir ces échanges, ne ſeroit-ce pas forcer les Américains à faire peu de denrées ou à les donner pour rien ? Que ſi la métropole vouloit remplacer par des métaux la vente de ſes marchandiſes, tout l’or qu’on tire d’une partie du Nouveau-Monde, ne reflueroit-il pas dans l’autre ? Après quinze ou vingt ans d’un pareil commerce, les puiſſances ennemies de la France n’auroient-elles pas un motif de plus pour attaquer des poſſeſſions dont la fertilité leur cauſe tant d’étonnement & de jalouſie ?

D’autres ont imaginé que tout crédit devroit être déformais prohibé. Mais les cultures, actuellement établies, ne ſouffriroient-elles donc rien de ce ſyſtême abſurde ? Mais le défrichement des terres vierges, qui ſont généralement les plus productives, ne ſeroit-il pas arrêté ? Mais les opérations des négocians de la métropole ne deviendroient-elles pas de jour en jour plus languiſſantes ? On connoit le chagrin qu’ils ont de voir le colon riche s’accoutumer à envoyer lui-même ſes