Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v7.djvu/340

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panégyriſte. Prononcez qu’il ignore le devoir de tout citoyen envers la patrie. Quoi, je ſerois le complice d’un ſcélérat, ſi je ne criois pas, lorſque je lui verrois jeter une torche allumée dans la maiſon d’un concitoyen ; & mon ſilence ſeroit innocent, lorſque ſous mes yeux on menaceroit d’incendier l’empire ! Le ſujet fidèle, ce n’eſt pas celui qui aveugle le ſouverain ſur les périls de ſa ſituation : c’eſt celui qui l’en inſtruit avec franchiſe, au riſque de s’attirer ſon indignation. Mais au lieu de vous adreſſer au public, que ne vous adreſſez-vous, dit-on, à l’oreille de ceux qui gouvernent ? Eſt-ce qu’on en approche ? eſt-ce qu’on en eſt écouté ? eſt-ce qu’ils croient ignorer quelque choſe ? eſt-ce qu’ils jugent par eux-mêmes ? eſt-ce que les ſpéculations les plus importantes ne ſeroient pas renvoyées dans des bureaux & ſoumiſes à la déciſion d’un commis, qui ne manqueroit pas de les improuver, ou par ignorance, ou par vanité, ou par quelque autre motif moins ſecret & plus vil ? Quand ma voix ſeroit appuyée de cent mille autres voix, il eſt incertain qu’elle ſe fît entendre. Laiſſez-moi donc parler. Laiſſez-moi dire à ma nation