Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v7.djvu/354

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La France a donc tous les moyens convenables pour être une puiſſance vraiment maritime. Mais lui convient-il d’avoir cette ambition ?

On ne connut long-tems que des armées nombreuſes & aguerries pour arriver à la fortune & à la gloire. Les deux Indes furent découvertes ; & cet événement imprévu fit une révolution étonnante dans tous les eſprits. Peut-être une ambition raiſonnable ſe ſeroit-elle bornée à obtenir par des échanges les richeſſes & les productions de ces deux grandes parties du globe. L’amour de la domination, trop ordinaire aux nations, fit préférer généralement le ſyſtême ruineux & deſtructeur des conquêtes. Ces immenſes contrées furent la plupart aſſervies. On alla plus loin. Les hommes qui habitoient ces nouveaux climats étoient ou trop foibles, ou trop indolens, pour ſervir d’inſtrumens à la cupidité d’un raviſſeur injuſte. En pluſieurs endroits ils furent exterminés ou chaſſés des campagnes qui les avoient vu naître, & remplacés par des Européens, par des eſclaves Africains, qui multiplièrent les denrées dont ils avoient trouvé le germe, qui établirent d’autres cultures auxquelles ſe prêtoit aisément un ſol neuf, fécond & varié.