Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v7.djvu/355

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Il falloit donner de la ſtabilité à ces établiſſemens. On pouvoit craindre, & l’inquiétude des nations qui étoient entrées en partage de ces régions intactes, & la jalouſie des nations qui n’avoient pas eu cet avantage : des forces navales pouvoient ſeules donner de la conſiſtance aux colonies naiſſantes, aux colonies même qui avoient fait le plus de progrès. Pour les préſerver de l’invaſion, on conſtruiſit, on arma des flottes. À cette époque remarquable, la politique changea tout-à-fait de face. La terre ſe vit, en quelque manière, ſoumiſe à la mer ; & les grands coups d’état furent frappés ſur l’océan.

La France, moins accoutumée à ſervir de guide qu’à ſurpaſſer ſes maîtres, la France vit ſans émulation s’élever un nouveau genre de puiſſance. La marine n’entra même pour rien dans les trop vaſtes projets de l’ambitieux Richelieu. Il étoit réſervé au monarque dont il avoit préparé la grandeur de faire reſpecter ſon pavillon dans les deux hémiſphères : mais cette gloire n’eut que peu de durée. Louis XIV ſouleva par ſes entrepriſes tout le continent de l’Europe ; & pour réſiſter aux ligues qui s’y formèrent, il lui fallut ſoudoyer des armées.