Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v7.djvu/428

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la ſortie de leurs productions. Une adminiſtration prévoyante auroit ſollicité un bill, pour affermir les propriétés. Toutes ou la plupart ont été tranſmiſes d’une manière aſſez irrégulière ; & ſi elles étoient juridiquement attaquées, il y a peu de colons qui ne puſſent être légalement ruinés.

Voilà donc à Tortola le gouvernement très-ardent à tirer de l’argent des colons, & très-peu ſoucieux d’aſſurer leur bonheur, quoiqu’il ne lui en eût coûté qu’un peu de bienveillance, ſans aucun ſacrifice. Peut-on dire à des hommes d’une manière plus impudente : « Vous ne nous êtes rien. Payez, payez encore ; & lorſque vous ne ſerez plus en état de payer, ſoyez malheureux, périſſez, mourez ; peu nous importe. L’intérêt que nous prenons à votre ſort, eſt en raiſon des ſommes que vous nous fourniſſez ». On ne tient nulle part ce propos inhumain : mais on a par-tout la même façon de penſer, la même façon d’agir. Par-tout on traite les ſujets, comme des mines qu’on ceſſe d’exploiter, quand elles ne rendent plus rien. Par-tout on oublie qu’avec un peu de juſtice & de protection, on les rendroit