Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v7.djvu/442

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l’on avoit enfermé les marchandiſes du vaiſſeau ; tandis qu’il reſtoit une autre porte non ſcellée, par où l’on entroit & l’on ſortoit les effets qui étoient échangés dans ce commerce ſecret. Quand il étoit terminé, l’étranger, qui manquoit toujours d’argent demandoit qu’il lui fut permis de vendre de quoi payer la dépenſe qu’il avoit faite : permiſſion qu’il eût été trop barbare de refuſer. Cette facilité étoit néceſſaire, pour que le commandant ou ſes agens puiſſent débiter impunément en public ce qu’ils avoient acheté d’avance en ſecret ; parce qu’on ſuppoſeroit toujours que ce ne pouvoit être autre choſe que les effets qu’il avoit été permis d’acquérir. Ainſi ſe vuidoient & ſe répandoient les plus groſſes cargaiſons.

La cour de Madrid ſe flatta de mettre fin à ce déſordre, en défendant l’admiſſion des bâtimens étrangers dans ſes ports, ſous quelque prétexte que ce pût être. Mais les Jamaïcains, appelant la force au ſecours de l’artifice, ſe firent protéger dans la continuation de ce commerce par les vaiſſeaux de guerre Anglois, qui recevoient cinq pour cent ſur tous les objets dont ils favoriſoient l’introduction frauduleuſe.