Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v7.djvu/443

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Cependant, à cette violation éclatante & manifeſte du droit public, en ſuccéda une plus ſourde & moins menaçante. Les navires expédiés de la Jamaïque ſe rendoient aux rades de la côte Eſpagnole les moins fréquentées : mais ſur-tout à deux ports également déſerts ; celui de Brew à cinq milles de Carthagène, & celui de Grout à quatre milles de Porto-Belo. Un homme qui ſavoit la langue du pays, étoit mis promptement à terre, pour avertir les contrées voiſines de l’arrivée des vaiſſeaux. La nouvelle ſe répandoit de proche en proche, avec la plus grande célérité, juſqu’aux lieux les plus éloignés. Les marchands venoient avec la même diligence ; & la traite commençoit, mais avec des précautions dont l’expérience avoit enſeigné la néceſſité. L’équipage du bâtiment étoit divisé en trois parties. Pendant que l’une accueilloit les acheteurs avec politeſſe & veilloit d’un œil attentif ſur le penchant & l’adreſſe qu’ils avoient pour le vol ; l’autre étoit occupée à recevoir la vanille, l’indigo, la cochenille, l’or & l’argent des Eſpagnols, en échange des eſclaves, du vif-argent, des ſoieries, & d’autres marchandiſes qui