Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v7.djvu/46

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richeſſe qui valoient mieux pour ſa proſpérité que des conquêtes. On ne l’auroit pas vu également écrasé par ſes victoires & par ſes défaites. Les ſages adminiſtrateurs qui remédioient aux maux de la guerre par une heureuſe révolution dans le commerce, n’auroient pas eu la douleur de voir qu’on avoit évacué Sainte-Croix en 1696, & ſacrifié Saint-Chriſtophe à la paix d’Utrecht. Leur affliction auroit été bien plus profonde, s’ils avoient prévu qu’en 1763 on ſeroit réduit à abandonner la Grenade aux Anglois. Étrange maladie de l’ambition des peuples ou plutôt des rois ! Après avoir ſacrifié des milliers d’hommes, pour acquérir & pour conſerver une poſſeſſion éloignée, il faut en immoler encore davantage pour la perdre ! Cependant il reſte à la France des colonies importantes. Elles méritent qu’on pèſe leur valeur. Commençons par la Guyane qui eſt au Vent de toutes les autres.

VI. Notions ſur la Guyane. Motif qu’avoient les Européens pour la fréquenter & la parcourir.

Les peuples qui erroient dans ce grand eſpace, avant l’arrivée des Européens, étoient divisés en pluſieurs nations, toutes peu nombreuſes. Elles n’avoient pas d’autres mœurs que celles des ſauvages du continent méri-