Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v7.djvu/467

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noirs avoient bâtie eux-mêmes dans les montagnes bleues. Avec du canon, on réussit à réduire une place construite sans règles, défendue sans artillerie. Mais les autres entreprises n’ont qu’un succès équivoque, ou balancé par des pertes. Les esclaves plus glorieux d’un triomphe qu’abattus de dix revers, s’enorgueillissent de ne plus voir dans leurs tyrans que des ennemis à combattre. S’ils sont vaincus, ce n’est pas sans vengeance. Leur sang est au moins confondu avec celui de leurs barbares maîtres. Ils vont au-devant de l’épée de l’Européen, pour lui plonger un poignard dans le cœur. Les réfugiés, forcés de céder au nombre ou à l’adresse, se retranchent dans des lieux inaccessibles, & s’y dispersent en petites troupes résolus de n’en plus sortir, & bien assurés d’y vaincre. Après neuf mois de combats & de courses, on abandonne enfin le projet de les soumettre.

Ainsi l’emportera tôt ou tard, sur des armées nombreuses, aguerries, & même disciplinées, un peuple défefpéré par l’atrocité de la tyrannie ou l’injustice de la conquête, 5’il a le courage de souffrir la faim plutôt