Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v7.djvu/468

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que le joug ; s’il joint à l’horreur d’être aſſervi, la réſolution de mourir ; s’il aime mieux être effacé du nombre des peuples, que d’augmenter celui des eſclaves. Qu’il cède la plaine à la multitude des troupes, à l’attirail des armes, à l’étalage des vivres, des munitions & des hôpitaux, & qu’il ſe retire au cœur des montagnes, ſans bagage, ſans toit, ſans proviſions ; la nature ſaura bien l’y nourrir & l’y défendre. Qu’il y reſte, s’il le faut des années, pour attendre que le climat, la chaleur, l’oiſiveté, la débauche aient dévoré ou conſumé ces camps nombreux d’étrangers, qui n’ont ni butin à eſpérer, ni gloire à recueillir. Qu’il deſcende quelquefois avec les torrens, pour ſurprendre l’ennemi dans ſes tentes, & ravager ſes lignes. Qu’il brave enfin les noms injurieux de brigand & d’aſſaſſin, que lui prodiguera ſans honte une grande nation, aſſez lâche pour s’armer toute entière contre une poignée d’hommes chaſſeurs, & aſſez foible pour ne pouvoir les vaincre.

Telle fut la conduite des nègres avec les Anglois. Ceux-ci rebutés de courſes & d’armemens inutiles, tombèrent dans un décou-