Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v7.djvu/494

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glaive de la loi qui les autorifoit à ſaiſir les plantations hypothéquées, à les faire vendre publiquement, & à en exiger après huit mois la valeur entière. Cette sévérité répandit la conſternation. Dans ſon déſeſpoir, le corps légiſlatif de l’iſle porta le 6 Juin 1774 un bill qui partageoit en cinq paiemens le prix de l’acquiſition, & qui reculoit juſquà trente-deux mois le dernier terme. Le motif ſecret de cet acte ſingulier, étoit ſans doute de mettre les débiteurs à portée de ſe rendre adjudicataires de leurs propres biens, & de leur procurer par ce moyen des délais qu’ils auroient vainement attendus de la commisération de leurs créanciers.

Une entrepriſe ſi hardie ſouleva l’Angleterre entière. On y fut généralement bleſſé qu’une très-foiblec partie de l’empire ſe crût en droit d’anéantir des engagemens contractés ſous la diſpoſition d’une loi univerſelle dans la bonne foi du commerce. Cette indignation fut partagée par les iſles même de l’Amérique, qui comprirent bien qu’il n’y auroit plus de crédit à eſpérer, ſi la confiance n’avoit plus de baſe. Les Bretons de l’ancien & du Nouveau-Monde unirent leurs voix pour preſſer la